C’était un matin très brumeux. L’automne prenait peu à peu ses quartiers de noblesse, les arbres rivalisaient de couleurs tendres et les feuilles mortes recouvraient la terre qui s’endormait lentement car l’hiver ne tarderait plus.
Le magicien se promenait dans le village, jetant de l’Âmour de-ci de-là lorsqu’il perçut un mouvement à travers les limbes de brouillard. Il s’approcha lentement pour ne pas faire fuir la petite créature qui sanglotait. Elle était recroquevillée sur le banc de pierre du vieux four banal et il sentit le poids immense qu’elle portait sur ses épaules.
Il ne sut pas s’il devait lui parler ou simplement lui offrir un sac de poudre d’espoir et durant quelques minutes, il resta figé, attendant un signe du Ciel. Le clocher se mit à sonner et l’enfant sursauta, relevant son visage inondé de larmes.
Il regarda le magicien, renifla une dernière fois et lui fit un timide sourire. « Bonjour, tu sais je pleurais parce que j’étais très triste mais ça va mieux et je crois que mon chagrin est tout parti ! Et je vais vite rentrer chez moi car j’ai un truc à faire. »
L’enfant se leva d’un bond, tira sur la manche du magicien pour lui faire claquer un baiser sonore sur la joue et rajouta : « Je voulais savoir si tu étais vrai ou si j’avais rêvé. Merci d’avoir ramené le soleil, regarde il n’y a plus de brouillard. Bonne journée. »
Et il s’enfuit en courant, laissant Merlin stupéfait par la candeur de cet enfant, par sa foi en la Vie et son extraordinaire résilience. Décidément, même lui, n’en finirait jamais d’apprendre… et cela le fit sourire.